Rencontre du pape François et de Benoît XVI, pape émérite

Le nouveau pape a prié avec son prédécesseur  visiblement amoindri, avant de s’entretenir avec lui en privé pendant trois quarts d’heure. Les deux hommes ont ensuite déjeuner ensemble. Benoît XVI est apparu très fatigué.

L’histoire s’écrit souvent avec des images fortes. La photo des deux papes, François et Benoît XVI, immortalisant leur rencontre historique à Castel Gandolfo, samedi à midi, est de ce rang. Ces deux hommes en blanc n’ont pourtant pas organisé ce rendez-vous pour prendre la pose. S’ils se sont téléphonés à deux reprises depuis l’élection, c’est que leurs destins s’imbriquent de façon étroite mais totalement imprévue. Car aucun des deux n’a cherché cette succession: le cardinal Bergoglio était le challenger du cardinal Ratzinger en 2005 ; sans être le favori, Bergoglio a été élu, huit ans plus tard, pour remplacer Benoît XVI qui avait lui même ouvert cette succession…

Tout sépare ces deux hommes d’Église mais ils se rejoignent sur l’essentiel: leur foi vibrante dans le Christ. «Nous sommes frères» a dit le pape François à Benoît XVI quand ce dernier a voulu lui laisser la place d’honneur dans la chapelle de Castel Gandolfo, où ils commençaient leur rencontre, l’invitant à s’agenouiller avec lui, sur le même prie-Dieu. Même attitude de la part de Benoît XVI, un instant plus tôt, en accueillant à bras ouvert son «frère», nouveau pape, à sa descente d’hélicoptère dans les jardins de la résidence.

Après ce court temps de recueillement dont l’intensité est facile à imaginer, les deux «papes» se sont entretenus, seul à seul, dans la bibliothèque. Trois quarts d’heure de conversation dont on ne sait rien. Sauf que l’intention de Benoît XVI et tous les actes qu’il a posés depuis son départ, démontrent qu’il n’entend peser en rien sur le cours des choses. Il s’est retiré, une fois pour toute, en promettant la soumission et l’obéissance à son successeur. Et s’il reste en blanc, c’est sans les attributs du pouvoir de la soutane de pape. Précisément, sans la ceinture et sans la «mantelette», cette courte cape sans manche posée sur les épaules.

En revanche, c’est en compagnie des deux secrétaires, Mgr Georg Ganswein et Mgr Alfref Xuareb, que le pape émérite et le pape François ont partagé le déjeuner. Tous auront toutefois noté l’absence à Castel Gandolfo du cardinal Bertone – pourtant provisoirement reconduit dans la fonction de Secrétaire d’Etat – et qui était omniprésent jusqu’à l’élection. C’est le Subsitut, le n°3 du Vatican, Mgr Becciu, qui accompagnait le pape François. Un homme sur qui le pape argentin s’appuie beaucoup ces temps-ci.

Pour éviter toute ambiguïté quant à l’interprétation de cette rencontre, le directeur de la salle de presse, le Père Lombardi, a cru bon de préciser très officiellement que ce fut «un moment de très haute et très profonde communion» et une occasion pour le pape émérite «de renouveler son acte de révérence et d’obéissance à son successeur». En retour, a ajouté Lombardi, le pape François a «certainement renouvelé sa gratitude et celle de toute l’Église pour le ministère accompli par le pape Benoît XVI au cours de son pontificat.»

Un pape émérite qui est toutefois apparu très fatigué et physiquement davantage éprouvé que lors de ces dernières apparitions publiques il y a trois semaines. En renonçant, Benoît XVI n’avait pas caché ne plus avoir les forces nécessaires pour mener à bien sa tâche.

Le Figaro

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