Le Top 14, exception culturelle

[Par David Reyrat pour Mêlée relevée] Il y a du boulot ! En instaurant la règle du Jiff – joueurs issus de la filière de formation -, la Ligue espérait avoir trouvé la parade pour contourner la législation européenne et « imposer » des quotas de joueurs français. Las ! Les clubs français n’ont eu de cesse de trouver des failles dans le dispositif pour ne pas s’y plier. En recrutant des espoirs étrangers dans leurs centres de formation ou en ayant recours à des jokers médicaux étrangers pour remplacer de jeunes Français blessés (le joker d’un Jiff est, bizarrement, considéré comme tel…). Résultat ? Si Toulouse, culturellement, joue le jeu, partout ailleurs ça triche. Et tant pis si cela hypothèque les bénéfices espérés pour le XV de France.

Les médias britanniques, à la veille de la coupe d’Europe, se sont penchés sur la question. En septembre, championnat d’Angleterre, Ligue celtique et Top 14 ont été scrutés à la loupe. L’objet de la recherche : le nombre de joueurs sélectionnables pour l’équipe nationale sur chaque feuille de match. Sans surprise, les Irlandais, forts de leur politique assumée de protectionnisme, affichent les plus forts taux : la province du Leinster compte 94,2% de joueurs sélectionnables pour le XV du Trèfle, celle du Munster 92,7% et l’Ulster 88,4%. Les autres nations participant à la Ligue celtique (Ecosse, pays de Galles et Italie) dépassent toutes les 80% de candidats à leur sélection. A l’exception du dernier de la classe, Edimbourg, qui affiche un 73,9% de joueurs qualifiables pour le XV au Chardon. Ce qui ferait cependant de la franchise écossaise un très bon élève du Top 14.

En effet, seul Toulouse, avec 75% de joueurs sélectionnables, fait mieux. Et si le Racing-Métro et Montpellier dépassent les 60%, derrière, ce n’est pas fameux. Grenoble, Perpignan, Oyonnax, Bayonne sont en-dessous des 50 %. Et Toulon ferme la marche avec un piteux 38% de joueurs sélectionnables. Loin de l’objectif à atteindre : 60% de la feuille de match dès 2014…

En Angleterre, les clubs affichent des taux exceptionnels (86,9% pour les Harlequins et 84% pour les Wasps par exemple) avec seulement trois clubs (sur 12) en dessous des 60% (contre 11 sur 14 en championnat de France !). Le fruit d’une politique incitative. Les clubs qui, de 2009 à 2011, alignaient au moins 14 joueurs sélectionnables par feuille de match, étaient récompensés à la fin de saison par un chèque d’un peu plus d’un million d’euros.

Les conséquences commencent à se faire sentir. Le XV de la Rose, après un Mondial 2011 raté, commence à relever la tête quand les Bleus, eux, peinent de plus en plus à rivaliser. Une seule victoire en 2013 et une relève qui tarde à pointer son nez. Le manager de Toulon, Bernard Laporte, a beau affirmer que le XV de France doit être une « priorité absolue », il ne montre pas l’exemple en s’appuyant sur des stars étrangères, même vieillissantes, pour aller au plus vite et… remporter la coupe d’Europe.

Un commentaire :

  1. Eric75 dipnsb&t;:Peut-on faire le même graphique avec la guerre en Iraq? Les résultats sont inversés. C’était le choix d’Obama d’amener plus de GI en Afghanistan. Pour confirmer le rôle des médias, des données sur les médias seraient nécessaires.

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