Le massacre de Conlie, autre tâche sur la République ?

En 1870, après l’abdication de Napoléon III, les prussiens sont aux portes de Paris. Léon Gambetta, alors dirigeant du gouvernement de Défense Nationale, porte l’idée de continuer la guerre en se basant sur une tactique qui perdurera jusque dans les premiers mois de la première guerre mondiale: l’offensive a outrance. L’idée c’est de rassembler toutes les forces vives de la Nation, de les doter en arme, de leur assurer une formation militaire et de contre attaquer partout contre les Prussiens.

Trouvant des soutiens enthousiastes dans la population, et notamment en Bretagne alors particulièrement républicaine, une « Armée de Bretagne » de près de 60 000 hommes est alors formé. Sans uniforme, les bretons se dotent alors du drapeau ducale breton (que l’on voit flotter sur le château des Ducs de Bretagne, a Nantes) et d’une patte d’hermine en métal divers qu’ils agrafent sur leurs chapeaux….

Pour Emile de Keratry, commandant du Camps, et fervent partisan républicain, le bien fondé de cette opération est évident. On lui promet des stocks d’armes venant des Etats Unis (des restes de la guerre de sécession) pour armer ses hommes.

Mais le gouvernement de Défense voit d’un mauvais œil cette armée de breton, relativement catholique et précédé par des insignes ducaux. Pour certains membres du gouvernement, dont Gambetta, cette armée n’est guère plus qu’une deuxième chouannerie.

Le camps de Conlie, construit rapidement, est notablement insalubre et avec les pluies torrentiels de l’automne et de l’hiver contribuent a transformer ce vaste espaces, trop petit pour le nombre de volontaires, en une véritable ville de boue: Kerfank en breton.

Bientôt, souffrant du froid, de la faim et des épidémies qui ne tardent pas a se manifester, les volontaires se découragent. D’autant que les armes promises n’arrivent pas et que l’entrainement ne peut pas avoir lieu.

La grande masse désœuvrée est volontairement maintenu dans cet état par le gouvernement qui n’estime pas être choqué… Keratry finit par démissionner et est remplacé par Marivault.
Mais rien ne s’améliore, on commence a compter des morts parmi les hommes et des milliers de malades rentrent chez eux (désertent) ou sont rapatriés.

Ce sont finalement douze mille hommes qui sont envoyés combattre les prussiens, avec 4000 carabines, mais sans les munitions adéquates. Le combat n’a, heureusement pas lieu, les prussiens s’esquivant. Heureusement car les carabines explosent a l’usage a cause des cartouches trop puissantes, blessant et tuant leurs utilisateurs.

Mais Gambetta ne s’arrêtent pas la et envoie (le 10 Janvier 1870) un stock de fusils et munitions provenant des stock américains de la guerre de sécession (soit 10 ans auparavant)… Rouillés, les cartouches délavés par l’humidité on tendance a faire « long feu » voire a exploser, la encore, dans les chambres des fusils encrassés par ces longues années de rouille.

Les hommes ne disposent pas d’entrainement et savent peu ou pas se servir de leurs armes, les nettoyer et, en aucun cas, les remettre en état de fonctionnement.

Qu’importe, ils sont envoyés sous les ordres du Général Chanzy (pas un mauvais bougre au passage !) en première ligne, se battre contre les prussiens aux alentours du Mans, où ils seront taillés en pièces par ceux ci, du 11 au 12 Janvier par toute une division d’infanterie Prussienne, dans ce qui restera pour l’histoire « La bataille du Mans »…

L’armée de Bretagne est dissoute en Mars, si tant est qu’elle exista encore…

Cette épisode du Camp de Conlie aura pour effet de faire renaître l’indépendantisme breton, et une superbe chanson de Tri Yann: « Kerfank 1870″…

Merci à Henri pour cet article.

 

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