XV de France: Pierrick Gunther, la foi dans le travail

Le Toulonnais Pierrick Gunther (c) lors d’un match de Top 14 contre Bordeaux-Bègles, le 8 septembre 2012 au stade Mayol. (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)

Ses longs cheveux, sa carrure de colosse et ses bonnes performances l’ont placé sous les projecteurs des médias mais Pierrick Gunther, appelé avec le XV de France pour préparer la tournée d’automne, leur préfère largement l’anonymat d’une salle de sport ou la pénombre d’une église.

Philippe Saint-André, qui l’a connu lorsqu’il entraînait Toulon avant de le convoquer mardi pour un stage de préparation avec le XV de France, l’appelle « le petit Chabal ». A Toulon, sa longue chevelure noire a rappelé à tous les supporters du RCT « l’Indien » Thierry Louvet, mythique troisième ligne de l’âge d’or du club à la charnière des années 1980 et 1990.

Tout le monde remarque sa queue de cheval, ses 1,90 m pour 106 kg, ses larges épaules, ses pectoraux gonflés, ses biceps saillants, ses puissantes chevauchées sur les terrains du Top 14…

Dans la vie, le jeune homme est pourtant discret, mesuré, poli, conformément à sa foi qu’il a tatouée au corps. Dans son dos, une inscription « In nomine Patris et Filii et Spiritu Sancti » (« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ») surplombe des ailes d’anges et une croix, et son bras droit est enrobé de deux dessins d’une Vierge contemplant la Bible et d’un visage de Christ.

Cette foi catholique remonte à 2009, à la mort de son meilleur ami Nans à l’âge de 18 ans. « Son décès et la vue de ses parents dévastés par la douleur ont provoqué un déclic chez moi. Je le considérais comme mon frère. On avait joué ensemble au RC Grimaud, le club de nos débuts. Sa mort m’a fait entrer dans la religion et depuis, je vais régulièrement à l’église », raconte-t-il.

Avant chaque match, dans le bus qui mène l’équipe au stade, il lit la Bible. A quelques minutes du coup d’envoi, il s’isole dans un coin de vestiaires, « souvent vers les douches », pour prier.

Puis il entre dans l’arène avec assurance parmi les « Galactiques » du RC Toulon. Et à chacun de ses essais –il en a marqué trois en six titularisations cette saison– il embrasse son poignet où il porte un bandage frappé du nom de Nans.

Aujourd’hui titulaire dans une des plus belles troisièmes lignes du Top 14 avec les Steffon Armitage, Joe Van Niekerk et Chris Masoe, Gunther a aussi construit cette assurance sur les bancs de musculation.

Complexé par sa rondeur étant jeune, il a profité de blessures pour remodeler son corps. « Ca m’avait miné le moral, je n’arrivais pas à retrouver la forme et j’avais perdu beaucoup de kilos, se rappelle-t-il. J’ai profité de l’opportunité pour m’inscrire dans une salle de muscu du centre ville. Je ne voulais plus redevenir gras ».

Cette habitude, il l’a gardée. « J’avoue que c’est presque obsessionnel, dès que j’ai un moment, je fais des séances de musculation supplémentaires », avoue le jeune homme né à Roubaix (Nord) mais arrivé à Toulon à quelques mois.

« Ca fait trois ans qu’il fait quatre, cinq séances de muscu par semaine. Il avait des qualités physiques exceptionnelles et il a énormément travaillé, c’est un beau bébé ! », sourit Philippe Saint-André.

« Il sait qu’il a encore besoin de travailler techniquement, sa gestuelle notamment, mais c’est un bon sauteur en touche, il est très puissant », souligne PSA.

Encadré depuis un an par le manager Bernard Laporte et l’entraîneur des avants varois Olivier Azam, Pierrick Gunther, qui a fêté ses 23 ans mardi, libère progressivement sa puissance: « Maintenant, je n’ai plus peur et j’ose davantage. Je sens qu’on a confiance en moi et peu à peu, je desserre le frein ».

Libération

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