Franck Ferrand : par pitié M. Hollande, épargnez la langue française !

conférence presse françois hollande

[FigaroVox] – Franck Ferrand est historien, écrivain et journaliste. Toutes les semaines il tient une chronique sur FigaroVox.


Pris sur le vif, jeudi dernier, dans la conférence de Presse du chef de l’État: «La France, elle doit toujours être à l’initiative…/ C’était quand?/ Est-ce que les crédits ont à l’être?/ …nous aurons à chercher un accord pour permettre que dans le moyen terme, il puisse être donné un cadre pour que les Grecs puissent faire des réformes…/ Et puis, tout s’est défait dans les applications, dans les détails, puis ensuite dans les mouvements de force./ Nous avons pu faire accomplir des progrès, mais ils n’ont pas résisté aux tenants des épreuves de force…» Etc., etc.

Quel sabir est-ce là? Quel étrange baragouin? Comment ne pas songer, le cœur serré, au verbe perlé du général de Gaulle, à la langue si nette de Georges Pompidou, au phrasé un rien guindé de Valéry Giscard d’Estaing, aux formules toujours tenues de François Mitterrand, au parler savoureux encore de Jacques Chirac? (ndlr: sans parler du phrasé de nos Rois…) Hélas -comme Nicolas Sarkozy avant lui- François Hollande semble avoir choisi de mépriser le Français.

C’est bien simple: confronté à cette élocution malaisée, saccadée, je me suis plusieurs fois demandé si mon ordinateur n’était pas en souffrance… Faut-il, pour paraître «normal», buter sur chaque mot? Faut-il esquinter la syntaxe pour «faire peuple»? Il serait bon de rappeler au Président que la langue obéit à des règles, et que les transgresser n’est ni un signe d’humilité, ni un gage d’efficacité.

Trois jours ont passé et, l’agacement retombé, l’on se prend à chercher les motifs d’un tel relâchement. En effet, sauf à croire le Président frappé de sénilité précoce -ou de déficience intellectuelle- il faut imaginer un projet derrière cette affectation de nullité. Disons-le alors: si le dessein caché de M. Hollande est de nous préparer à je-ne-sais-quel abandon, il est grand temps d’y mettre le holà.

Mon message tient en peu de mots: «Cette langue, Monsieur, est notre patrimoine commun; ses beautés appartiennent à tous ceux qui s’en donnent la peine; elle est la dernière fierté des petits, l’ultime trésor des pauvres. Faites donc en sorte de ne pas trop l’abîmer, s’il vous plaît! (A toutes fins utiles, cela peut se traduire ainsi dans votre jargon: La France, euh, elle en a assez que, euh, vous causiez pas bien son langage qu’il y a lieu de penser beau, pourtant… Euh…)»

Source : FigaroVox

2 commentaires :

  1. Extrêmement déplaisant à écouter… après quelques secondes, je zappe tellement son élocution est laborieuse !

  2. Lire également les chroniques de Christian Combaz sur ce même thème, publiées dans le Figaro. Elles sont aussi savoureuses.

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