Fontainebleau: Il y avait bien des Gaulois dans la cité impériale

Les historiens dataient la naissance de Fontainebleau à 1137. Coup de théâtre : des archéologues viennent de mettre au jour un village gaulois au pied du quartier Henri-IV.

C’est certainement un village gaulois, sommeillant depuis des centaines d’années sous la place d’Armes de Fontainebleau, qui vient d’être mis au jour. « C’est une découverte extraordinaire, qui révolutionne l’histoire de Fontainebleau ! » s’enthousiasme Patrick Daguenet. Ce célèbre historien local a pu visiter les fouilles archéologiques qui se déroulent actuellement en centre-ville, au pied du quartier Henri- IV du château de Fontainebleau.

« Jusqu’à présent, explique-t-il, on croyait qu’avant 1137 il n’y avait rien ici. La ville d’Avon, voisine de la cité impériale, revendiquant être la paroisse d’origine du secteur et brandissant haut et fort la découverte d’une villa gallo-romaine, en lisière de forêt. Maintenant, on sait qu’avant le pavillon de chasse de Louis VII, il y avait déjà des habitations. On va pouvoir écrire de nouveaux livres d’histoire sur Fontainebleau. »

La semaine dernière, des archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont mis au jour ces vestiges d’un village gaulois, qui dateraient d’entre trente et deux cent cinquante ans avant Jésus-Christ. Ils ont notamment découvert de larges fossés, vestiges de palissades, ainsi que différentes céramiques, dont un vase permettant de stocker des denrées. Ces fouilles constituent seulement un premier diagnostic voulu par la mairie, avant le probable réaménagement de la place, dans quatre ans. « Des investigations plus complètes seront certainement entreprises ultérieurement. C’est une volonté de la municipalité », annonce Jean-Christophe Laprée, adjoint au maire chargé de l’urbanisme, enthousiaste devant ces trésors.

A Fontainebleau, cet été, ce sont trois sites qui ont été fouillés dans le centre-ville. Mais comme le souligne Sophie Benhaddou, archéologue chargée de l’opération, « les plus belles trouvailles ont été découvertes sous la place d’Armes ». « On voit qu’il existe une densité importante de vestiges. Par exemple, des murs en pierre, traces peut-être d’un ancien quartier antérieur à la construction de la cour Henri- IV, d’époque médiévale par exemple. On a aussi trouvé des céramiques carolingiennes et gallo-romaines. »

Mais surtout, « la découverte majeure, ce sont deux fossés, avec des traces d’enclos, datant de l’époque gauloise, d’avant la conquête romaine, poursuit l’archéologue. Il y a eu sûrement un vrai village, avec une exploitation agricole. Regardez cet autre fossé, rempli de terre grise. On y a retrouvé des restes de branchages. On va les analyser. Une mince couche d’argile et des trous de pieux permettent d’envisager une palissade. C’est là que l’on a retrouvé un vase typique de cette époque. »

Le rapport final de l’archéologue sera connu en décembre. La mairie décidera alors de la suite des événements. En conclusion, Jean-Christophe Laprée pose une pierre dans le jardin de la ville d’Avon, concurrente historique de la cité impériale. « Avec cette découverte, Fontainebleau reprend l’avantage sur sa sœur voisine. Fontainebleau, avant le Moyen Age, ce n’était pas le désert, entre marais et forêt ! »

Le Parisien

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